Du castrum à la cité des Nerviens
Les premières fortifications de Cambrai trouvent leur source dans son histoire antique.
Durant l’Antiquité Tardive, la Gaule est habitée par une centaine de peuples différents qui ne cessent de se faire la guerre pour étendre leur territoire. Face à ce climat d’insécurité, de nombreuses villes se retranchent derrière des murailles bien souvent faites de terre, de bois et de quelques pierres.
Dans cette rapide photographie de la Gaule durant l’Antiquité Tardive, nous pouvons y voir le cas de Cameracum (Cambrai). Bien que son altitude ne soit pas particulière, environ 41 mètres, sa position l’est plus : elle est située au carrefour de différentes voies romaines et à proximité de la cité de Bavay, chef-lieu du peuple Nervien.
Au milieu du IVe siècle, l'avancée des Francs vers le sud menace l’intégrité de Bavay. Face à ce danger, les Nerviens transfèrent leur capitale à Cambrai, qui passe du statut de simple bourg rural (Vicus) au statut de ville et capitale. La période romaine n'est pas assez fournie en source pour prouver que la ville possède effectivement une muraille à cette époque. Toutefois, comme les villes de Tournai, Tongres ou Famars qui se dotent d’une enceinte fortifiée, la ville de Cambrai, devenant capitale, a dû faire de même.
Un élément contenu dans L’Histoire ecclésiastique des Francs de Grégoire de Tours (539-594) permet d’hypothétiser l’existence d’une enceinte fortifiée à Cambrai.
Après être passé sous le contrôle des Francs Saliens vers 450, la ville connaît une période de calme jusqu’à son rattachement aux territoires de Clovis en 509. Vers 560-570, Chilpéric Ier, roi de Soissons, quitte Paris et se réfugie à Cambrai pour échapper au conflit qui ronge la dynastie mérovingienne à l’époque : la Faide Royale. Le roi s’installe avec son trésor en ville, et ordonne rapidement aux ducs et comtes alentours de « réparer les murs des villes » par crainte d’une attaque. Cette présence royale peut permettre d’avancer l’existence probable d’une enceinte fortifiée.
Il y porta avec lui tout ce qu'il pouvait avoir de meilleur et il y envoya des messagers aux ducs et aux comtes des cités pour leur faire mettre en état les murs des villes, enfermer leurs richesses, leurs femmes et leurs enfants à l'abris de solides remparts [...].
Grégoire de Tours
Histoire ecclésiastique des Francs, traduction nouvelle par Henri Bordier, p.59.
L’ordre de réparation des murailles des villes alentour laisse entendre que ces protections ne sont pas récentes. De nombreuses études démontrent que les Mérovingiens ont construit peu ou pas de muraille autour de leurs cités. L’enceinte autour de Cambrai au Ve-VIe siècle daterait donc de l’époque gallo-romaine. Peu de sources archéologiques permettent d’affirmer ces hypothèses. Des fouilles datant des XIXe et XXe siècles ont révélées la présence du castrum gallo-romain quadrangulaires dans le secteur de l’actuelle place Fénelon (rues du Temple, des récollets, Vanderburch, Grande Rue Fénelon, des Clefs et des Râtelots), mais aucune traces tangibles de constructions ou de renforcement volontaire n’ont été observés.
L’appareil de cette enceinte entourant le castrum, selon les usages de l’époque gallo-romaine et l’importance de Cambrai, se révèlerait être certainement constitué de murs de pierre non liés, de palissades de bois, de fossés, et de chemins de rondes extérieurs.