Histoires du Cambrésis

Le Cambrésis est l’un des anciens pays de France. La ville-centre est Cambrai. Il n’a pas de limite naturelle, c’est son histoire qui lui donne son identité propre.

Petite histoire de Cambrai et du Cambrésis

Les champs ouverts du Cambrésis deviennent régulièrement champs de bataille et de rivalité entre les puissances européennes : invasion des Hongrois au Xe siècle, guerre de Cent Ans (1337-1457), sièges répétés par les rois de France, guerres napoléoniennes, guerre de 1870, bataille de Cambrai de 1917.


Un centre religieux éminent

À l’époque gallo-romaine le Cambrésis faisait partie de la cité (civitas) des Nerviens. Son évêché, qui se confondait avec la cité des Nerviens, fut divisé en 6 pagi (pays) dont le pagus cameracensis. Cambrai devient une véritable ville à l’époque mérovingienne.

Au début du VIe siècle, Clovis charge saint Vaast d’évangéliser les régions d’Arras et de Cambrai. Vers 590, sous l’épiscopat de saint Géry, Cambrai devient définitivement siège d’évêché.

Au IXe siècle, la ville reçoit de Louis le Pieux le privilège de la neutralité, conférant à l’évêque un rôle politique important. Il se confirme en 1007 quand l’empereur Henri II lui confie le pouvoir temporel.

Portrait de Saint-Géry - Manuscrit 1018.

Image de saint Géry - Manuscrit 1018.

Une ville d'empire

À la suite du traité de Verdun partageant l’Empire de Charlemagne, Cambrai échoit d’abord à la Lotharingie puis à partir de 925 au Saint-Empire romain germanique. La ville occupe la position stratégique de ville-frontière.

Naissance de la commune

En 958 Cambrai connaît un des plus précoces soulèvements communaux d’Europe. En 1077 une nouvelle conjuration est violemment réprimée. En 1227 l’évêque Godefroy de Fontaines promulgue une loi instituant la création d’un collège de quatorze échevins et deux prévôts.

L’apogée médiéval

Les comtes-évêques garantissent à la ville une période de prospérité. De nombreux monastères, abbayes et hôpitaux sont fondés. La cathédrale gothique est considérée comme la « merveille des Pays-Bas ». La ville est aussi un foyer intellectuel (Villard de Honnecourt, Pierre d’Ailly, Guillaume du Fay…).

Gravure de l'ancienne cathédrale de Cambrai.

Gravure de l’ancienne cathédrale métropolitaine de Cambrai - Fonds Faille, J5/16.

La cathédrale gothique est considérée comme la « merveille des Pays-Bas ».

Heurs et malheurs d’une ville-frontière

Lors de la guerre de Cent Ans, Cambrai parvient à préserver sa neutralité malgré de nombreux affrontements. Elle accueille des rencontres diplomatiques, comme la Paix des Dames en 1529. En 1543 Charles Quint en fait une importante place forte des Pays-Bas espagnols en la dotant d’une citadelle.

Au XVIe siècle, le Cambrésis est aussi terre de conflits religieux. La présence de réformés tentant de développer le culte protestant y est attestée dans des assemblées clandestines et réprimées. L'Église catholique réagit en remodelant les diocèses, Cambrai devient archevêché et bastion du catholicisme. Il faudra attendre l’édit de tolérance de 1787 pour que se construisent des temples.

Détail de la citadelle de Cambrai vers 1570.

Détail de la citadelle de Cambrai d’après une gravure du XVIe siècle - Fonds Faille, J3/38.

En 1543 Charles Quint fait de Cambrai une importante place forte des Pays-Bas espagnols en la dotant d’une citadelle.

Le rattachement à la France

Le Cambrésis reste terre d'Empire jusqu’à son annexion par le royaume de France. Louis XIV entre dans la ville le 19 avril 1677 et la paix de Nimègue consacre cette victoire. Pour assurer sa conquête, le roi nomme Fénelon archevêque de Cambrai en 1695. 

La Révolution met fin à la puissance du clergé. Les États du Cambrésis sont supprimés, comme tous les autres, en 1789. Le Cambrésis devient l’un des huit districts du département du Nord créé en 1790. Quelques communes de l’ancien comté du Cambrésis se retrouvent dans l’Aisne, le Pas-de-Calais. En 1800 le district de Cambrai devient arrondissement.

L'habit usurpé

Cette gravure anonyme, caricature de Louis XIV, fustige l'appétit féroce de puissance du Roi-Soleil.

Le Roi a la main droite reposant non pas sur sa couronne, comme dans les portraits monarchiques, mais sur un chapeau surmonté par la maquette d'une cité conquise.

Le monarque porte un habit sur lequel on distingue les villes récemment annexées. Des chiffres ponctuent le vêtement et renvoient à la légende où sont énumérées les cités tombées sous l'emprise française : Cambray porte le numéro 6. En présentant ces annexions sous la forme d'un vêtement porté par le monarque, l'artiste introduit l'idée que ces réussites ne servent qu'à agrémenter l'apparence du roi, à lui donner l'allure d'un grand triomphateur.

Le titre « L'habit usurpé » oriente la condamnation sur l'étendue des conquêtes, sur l'illégitimité de l'attitude conquérante et sur les méthodes employées pour parvenir à ce résultat.

La satire aborde un autre angle d'attaque avec un personnage énonçant comme en secret une vérité : « Il commence à rendre gorge », comme un guerrier ridicule.

Des chiffres ponctuant le vêtement énumèrent les cités tombées sous l'emprise française : Cambray porte le numéro 6.

Du XIXe au XXe siècle

La ville reste en marge de la révolution industrielle mais détient une vocation essentiellement agricole. Occupée pendant quatre ans lors de la Grande Guerre, elle est ravagée. De nouveau occupée, bombardée et incendiée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle connaît ainsi deux reconstructions. Son économie, longtemps dominée par le textile et l’agriculture, cherche aujourd’hui à se diversifier.